
Un an, presque jour pour jour, après l'annonce d'un nouvel album (La République des Météors) et d'une tournée logiquement baptisée Météo Tour (1), Indochine sera comme prévu, à Marseille vendredi et à Nice mardi prochain.
Entre-temps, on a pu vérifier que l'étonnant succès du groupe ne s'était pas émoussé depuis son dernier passage dans notre région à l'automne 2006. Au contraire ! Une dizaine de concerts ont dû être ajoutés au « roadbook » prévisionnel du Météor Tour – qui va se poursuivre jusqu'au mois de mars – et le concert final du Stade de France, le 26 juin est complet depuis belle lurette (2). Ce sera la première fois qu'Indochine se produit dans une enceinte aussi importante (80 000 places). Le groupe y fêtera son 30e anniversaire et son leader (et unique membre originel) ses... 50 ans !
Promis à une gloire éphémère depuis sa formation en 1981 et ses premiers succès pop (« L'Aventurier », « Canary Bay », « Trois nuits par semaine »), Indochine n'a cessé depuis trente ans de déjouer les pronostics et les critiques.
Raillés pour leur look gothique androgyne, leurs mélodies faciles et leurs textes naïfs, Nicola Sirkis et les siens ont résisté à toutes les modes, à tous les bouleversements de l'industrie musicale et à tous les changements de personnel, pour demeurer aujourd'hui, le dernier grand groupe historique du rock français.
Finir en beauté ?
Et ce, alors même que la mort d'un des membres fondateurs, Stephane Sirkis, frère du chanteur, aurait logiquement dû sceller sa perte, dès 1999.
Souvent opposé à ses débuts à Téléphone, Indochine sera le premier des deux à jouer au Stade de France, si les rumeurs de reformation de la bande à Aubert et Bertignac se confirment. Joli pied de nez et belle reconnaissance pour Nicola Sirkis qui a porté seul toutes ses années sur ses frêles épaules le mythe d'un « rock à la française ».
Difficile, même avec le recul, d'expliquer cette étonnante longévité autrement que par la vertu de mélodies accrocheuses, qui ont fini par marquer plusieurs générations même malgré elles (« L'Aventurier »), mais surtout par une fidélité à un look et à un univers « gothique » qui, lui aussi promis à un succès éphémère, a traversé les décennies et continue d'être adopté par nombre d'adolescents.
Alors que leur dernier véritable tube (« J'ai demandé à la lune », composé par Michaël Furnon de Mickey 3D) date de 2002 et que leur leader a atteint la cinquantaine, Indochine continue ainsi d'attirer un public étonnamment jeune et féminin, qui forme la majorité de ses fans.
Le dernier album, qui marque un retour discret à un son et à des mélodies plus pop, après plusieurs albums noisy et surproduits, a ouvert la voie pour des concerts « best-of », dans lesquels Indochine peut célébrer ses trente années d'existence en toute légitimité, alors qu'il n'est plus qu'un agglomérat de musiciens venus d'univers différents autour du leader et seul membre originel, Nicola Sirkis. La personnalité charismatique de ce dernier, sorte de Mylène Farmer au masculin, se confondant pour les fans avec celle du groupe.
À 50 ans passés, malgré un look toujours juvénile, ce dernier, qui peut encore se permettre de poser nu sur les affiches de la tournée, pourra-t-il encore longtemps incarner l'éternelle jeunesse d'Indochine ?
La tentation de « finir en beauté » n'était sans doute pas absente du pari du Stade de France. « Ce qui est sûr, c'est que le concert du Stade de France sera le dernier... de cette tournée ! », nous avait répondu Nicola lorsqu'on lui avait posé la question. La facilité avec laquelle ce pari a été gagné pourrait aujourd'hui l'inciter à repousser l'échéance. Rendez-vous en 2020 ?
http://www.nicematin.com/ra/culture-loisirs/221681/concert-indochine-meteors-en-barre