Ce mot résume bien l’impression donnée par ce concert : ça vient du cosmos, à l’instar des paroles toujours un peu space de
Nicola Sirkis, c’est gros, lourd et chaud quand ça traverse l’atmosphère, et ça fait l’effet d’une bombe quand ça arrive.
J’avais déjà eu l’occ
Météoritique.asion de voir
Indochine en concert lors des tournées
Wax,
Dancetaria et
Paradize, et j’avais été positivement marqué par l’ambiance qu’ils arrivaient à générer, mais là je crois que c’était encore mieux. Peut-être moins intense dans un premier temps malgré la dynamique apportée par la transition entre les chansons légères ou militaristes des années 30 diffusées pour mettre dans une espèce de bain rétro (
On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried, arf !) et Indo ; Mais ils se sont très largement rattrapés ensuite, et ça n’en finissait plus, du jamais vu pour moi : près de 2h45 de live et dans les 30 titres !
Pas trop de regrets donc d’avoir loupé la première partie (
Glow) même si j’aime bien découvrir des guest stars (ou plutôt pas stars), car ça aurait fait sacrément fatigant tout ça. Vu qu’un concert d’Indo c’est un investissement physique certain !
Askan de Glow (ça en jette, ça fait très personnage de jeu de rôles) Et puis cette fois, en plus de l’aspect physique, il y avait un certain poids psychologique à encaisser, avec ces images de guerre -surtout de tranchées sales et humides- alternant sur les 5 écrans géants nous dominant et nous encerclant quasiment (du moins ceux qui étaient dans la fosse).
Bien sûr, à l’habitude d’Indo, c’est un fouillis historico-culturel un peu grand n’importe quoi, en l’occurrence avec des images mélangées tirées d’époques bien distinctes (première et seconde guerres mondiales, guerre froide), mais je ne nierai pas que ça faisait son effet, assez impressionnant par moments.
Globalement, une esthétique assez sombre portée sur le gris, souvent de beaux visages de femme, d’ados/enfants ou de Nico accompagnant bien les titres tristes évocateurs de séparations et de mort du dernier album.
duo virtuel avec Suzanne Combeaud
Et puis des moments un peu différents, comme ces superbes images rapprochées de la Lune, que l’espèce de mouette en images de synthèse cheap survolant l'astre n’arriva pas à gâcher (sur le célèbre titre J’ai demandé à la mouette).
Et toujours la "fanempathie" caractéristique de Nico : ses contacts innombrables avec les premiers rangs, un petit bain de foule gentillet, des mots dédiés…
…et même un joli bouquet d’adolescentes invitées à monter sur scène en fin de concert puis disparaissant ensuite dans les sombres recoins de l’arrière-scène pour on ne sait quelle activité louche, mon dieu my god. On pardonnera donc au guitariste
Boris Jardel son excitation manifeste, après avoir reçu en cadeau un monumental soutif 100% Made in Fanland.
Ca lui fait de l’effet apparemment, toutes ces filles et leurs sous-vêtements ! Pour parler titres, une dominance naturelle du dernier album
La République des Meteors, avec notamment les superbes
Go, Rimbaud Go! (en ouverture après la véritable instrumentalo-bruitiste
Republika Meteor Ouverture),
La lettre de métal,
Le Grand Soir,
Le lac, ou encore
Junior Song (encore merci Aurélie et Grégory pour me l’avoir offert, cet excellent album, que j’ai redécouvert lors de cette soirée avec plaisir !)
Le batteur François Soulier dit Mr Shoes (je propose aussi la variante "El Señor Zapato", ça fait plus indo-révolutionnaire), ex-Treponem Pal L’album
Paradize de 2002 avait également les faveurs du groupe, avec le délicieux
J’ai demandé à la Lune, mais aussi les très efficaces
Marilyn et
Electrastar, ou encore le gothique
Le Manoir. Mention pas spéciale pour ce
Punker qui porte plutôt mal son nom, et à la lourdeur notable. "Est-ce que tu viendrais faire du sexe avec moi ?" Heu, sans façons, merci, vous êtes bien brave mon cher, mais non. Ceci dit y’avait un paquet de jeunettes très enthousiastes à cette idée manifestement (je reconnais qu’ils sont toujours bons pour "exciter les petites filles" comme ils disaient en 1984).
En plus il se filmait lui-même, le pervers ! Pour le reste de la discographie, une sous représentativité notable de l’avant-dernier double album
Alice & June, mais qui s’explique peut-être par son "exploitation" optimale lors de la méga-tournée qui y était consacré. Au programme :
June,
Alice & June, et
Jason, Brenda, Cynthia, Philomène, Gustave, Glaviouzzor, Floribur & June (ha, pardon, je crois qu’une petite erreur s’est glissée dans ma playlist, il s’agissait plutôt d’
Adora).
Le bassiste Marc Éliard Sinon, un grand vide pour les années 90, à l’exclusion de peut-être mon titre favori de toute la période, donc woo hoooooo ! (avec une voie aiguë) : musique chouette, paroles marrantes, le grand retour, j’ai cité
Drugstar ! Bon, comme j’étais à peu près le seul à me trémousser là-dessus dans mon coin de fosse, ça voulait sûrement dire que les fans de cette époque étaient rares et les indo-indics devaient l’avoir fait remonter au groupe.
Oui, vas-y Matu(szenski), elle est trop bonne la petite mélodie de Drugstar ! Et puis, bien sûr, difficile d’imaginer Indo sans évoquer les Eighties. Pour moi, ils ont clairement prouvé depuis un paquet de temps maintenant qu’ils ont su évoluer musicalement dans plusieurs directions souvent inspirées. Mais ils n’ont pas renié pour autant leurs premières années, et c’est très bien :
L’Aventurier m’a paru particulièrement puissant, par rapport à d’autres versions live,
3 nuits par semaine reste parfaitement au goût du jour.
Nico et l’ex-fan devenu guitariste-clavier-compositeur-producteur d’Indo Oli de Sat (encore un sorti d’une aventure fantastique !) Et pas mal d’autres tubes de l’époque ont été cette fois intelligemment "medleyisés", juste pour le plaisir de profiter d’un couplet et d’un refrain, mais dans un concentré d’enfer :
Des fleurs pour Salinger,
Les Tzars (juste un peu bofbof pour l’instrumentation),
Kao Bang (quel pied de hurler avec eux ces paroles surgies de mes années collège "contre les dragons elle frappe les yeux ferméééés, heyyyyy !") ou encore le 1er titre que j’ai connu d’eux,
Canary Bay et ses filles en short (comme quoi leurs paroles m’ont toujours fait marrer depuis le 1er jour, Nico est trop fort).
Pleure pas, tout ça c’est loin mais t’es encore bon ! Bémol juste pour
3e sexe, dont cette incontournable version piano/voix commence à sérieusement me courir sur le haricot tellement elle est convenue. A l’époque où elle était pensée comme une intro au cœur du titre, ou liée au
Mes regrets de
Michel Polnareff, encore, ça avait son sens. Mais là je trouve ça d’un creux et d’une émotivité forcée en décalage avec ces paroles si peu émouvantes, alors que y’a tant d’autres titres d’Indo adaptés à l’intimisme… Quand allez-vous enfin vous décider à y rebalancer du gros son, qu’au moins on s’éclate dessus comme des bourrins ?
Bon, là aussi c’était tout calme, mais c’était bien vu par contre. En dehors de tout ça, à signaler aussi la courte apparition du
You Spin me Round des
Dead or Alive, difficile à reconnaître au début mais intéressant.
Et une grosse déception : ne pas avoir eu droit au
Je t’aime tant de
Jacno repris sur leur dernier album, voire à un meilleur titre de lui.
OK c’est peut-être macabre, mais j’aurais pensé que le décès de l’artiste il y a quelques jours aurait inspiré Indo pour un hommage sympa (qu’ils ont fait je crois sur une autre date récente, mais pas à Marseille). Bon, ben puisque c’est comme ça, allez, moi je le fais le petit hommage :
"Il avait une petite douleur pour seule mémoire, et peut-être quelque fantôme dans ses tiroirs…" / "Les objets sont très très sournois, l’autre jour j’ai vu des papiers qui foutent le bordel sur ma table, la télé qui n’arrête pas de me regarder, et ce fer à repasser en veut à ma peau…" / "Un peu de beauté plastique pour effacer nos cernes, de plaisirs chimiques pour nos cerveaux trop ternes, que nos vies aient l’air d’un film parfait… laa la, lalalalaa la…" Hum.
Adieu Jacno (passe le bonjour à la belle Pauline).
Et merci quand même Indo. C’était très bien !
Un grand merci aussi à la "famille yanndu13" pour leurs photos, et à bientôt j’espère pour un pot concertandco avec de l’Indo en zique de fond (comment ça y’aura que nous ?).