
Le groupe se produit demain dans un Zénith de Montpellier complet. Son leader Nicola Sirkis évoque le succès après son concert marseillais
Vous sembliez ému par l'accueil du public à Marseille. Est-ce la même chose tous les soirs ?
Nicola Sirkis : C'est la première tournée où je suis ému tous les soirs mais c'est vrai que les Marseillais m'ont fait pleurer sur 3e sexe. Depuis peu, il se passe quelque chose pour nous dans le sud alors que nous sommes plutôt un groupe du nord. Pour la première fois, les concerts y sont complets, par exemple à Montpellier.
Le "Alice & June Tour" fut un moment fort pour Indochine. Ce "Meteor Tour" l'est-il aussi ?
Le "Alice & June Tour", qui a réuni 600 000 personnes,
est la tournée qui nous a donné envie de continuer et de faire le Stade de France (le 26 juin 2010 pour les 30 ans du groupe, c'est complet, NDLR). Mais ce "Meteor Tour" prend une autre dimension avec les cinq écrans qui rentrent dans la salle et intègrent le public à notre univers.
Vous abordez sur l'album et sur scène des thèmes peu évidents, la séparation et l'absence, sous l'angle du soldat parti au front.
Pourquoi ce choix ?
C'est né d'une visite à la Biennale de Venise et de la lettre de rupture que Sophie Calle y exposait. Histoire est un thème difficile à aborder pour un groupe de rock. Mais, alors que notre société subit une crise économique basée sur le mensonge, les gens s'intéressent beaucoup à l'Histoire parce qu'ils savant qu'elle ne ment pas. C'est parfois dur mais le concert se termine par la Libération, donc par une communion festive.
Vous aimez vous qualifier de "groupe dissident". Pourquoi ?
Parce qu'on a une éthique et une déontologie. Je ne suis pas là pour m'enrichir et m'acheter un yacht de plus (les places de concert en province sont limitées à 35 €, NDLR). Je n'oublie aussi jamais de faire passer des messages, que ce soit contre la loi Hadopi ou pour le mariage des homosexuels. La scène est le seul moment de liberté totale qu'il nous reste, alors que tout est de plus en plus interdit et contrôlé. Dans nos concerts, tout est encore possible.
Il y a eu le départ de Dominique Nicolas, le passage à vide des années 90, la mort de frère en 1999... Avez-vous un jour douté de l'avenir d'Indochine ?
Si je doute toujours de moi, je ne doute jamais de ce groupe. Et dans les pires moments, c'est la scène qui m'a donné envie de continuer. Trois générations de fans, c'est irrationnel dans le rock. Je suis donc aussi fier de moi que de ce public qui a continué de nous suivre alors que le groupe était vilipendé.
Avec quels titres prenez-vous le plus de plaisir sur scène ?
Les nouveaux : Club Meteor, Little Dolls ou La lettre de métal... Mais je prends aussi toujours plaisir à jouer L'Aventurier, sinon je ne serais pas là.
Vous avez eu 50 ans en juin. Vous voyez-vous vieillir comme les Rolling Stones ?
Pourquoi pas ! Le sablier ne s'arrêtera pas. Mais pour l'instant, dans ma tête et dans mon corps, je n'ai pas 50 ans.
Recueilli par Eric DELHAYE
http://www.midilibre.com/articles/2009/11/14/CULTURE-LOISIRS-Dans-nos-concerts-tout-est-encore-possible-997384.php5