
Lorsque les corbeaux reviennent se percher sur les arbres, c'est qu'ils doivent protéger leur fromage d'un renard ingénieux. Lorsqu'ils viennent se poser sur votre épaule, c'est que la grande faucheuse passera bientôt vous voir. Mais quand ils envahissent les disquaires, c'est qu'un nouvel album d'Indochine vient de sortir.
11ème production pour le groupe emmené par Nicola Sirkis, qui a désormais trouvé son credo. Après de nombreuses tergiversations artistiques, l'arrivée d'Oli de Sat et ses arrangements géniaux a permis d'orienter le groupe dans un créneau "gothique" opportun, puisque des tas de jeunes se réfugient dans l'imagerie sombre, au grand dam de leurs parents, mais au grand bonheur d'Indochine, accueillant à bras ouvert les fans de Placebo et Marilyn Manson.
Du coup cette République des Météors ne déroge pas à la règle dépressive des années 2000. Une intro post-apocalyptique, des sonorités quasi-indus, qui rappellent évidemment Nine Inch Nails, partouzent avec des mélodies tristounettes qui aimeraient pouvoir servir de bande-son à un film de Tim Burton, et quelques passages rock, comme sur "Republika", viennent muscler le tout.
Le champ lexical de la guerre est omniprésent, tout comme le sentiment de l'éloignement ou encore du temps qui passe, si cher à ce vieux Ronsard quand il déclamait ses "Roses de la Vie". Mais la plume de Sirkis n'a pas autant de nuances. Sa façon de chanter comme si il avait une patate chaude dans la bouche le rend parois aussi compréhensible qu'Etienne Daho, et quand on y parvient, c'est souvent le drame. Des rimes simples, même simplistes, se succèdent et peuvent prêter à sourire. C'est bien simple, on a l'impression que certains morceaux sont chantés en yaourt. Morceau choisi: "Un homme assis dans un couloir/ Un enfantillage/ Moi je n'aime pas les amoureux/ Et Dieu créa les mêmes/ Essuie-toi les mains sales/ Juxtaposées/ Mais à l'arrière du passé/ Je nage et je dégage" ("Go Rimbaud Go!"). Y a pas à dire, le dealer de Nicola Sirkis, il fournit de la bonne!
Mais comme d'habitude il se fait touchant, de par la noirceur (même si un peu facile) de ses paroles, ses murmures ténébreux, ou son besoin de se raconter. Sur "Bye Bye Valentine" il se prend à mettre en vers sa relation avec sa fille. Et comme ça plaît aux jeunes, le faux bisexuel évoque l'ambiguïté sur "Play Boy": "Moi quand j'étais un adolescent/ J'ai essayé les vêtements de ma mère". Il reste plus pertinent quand il taille ce bon vieux Johnny au détour d'un couplet "J'ai du mal avec les artistes/ Surtout les français qui vont vivre en Suisse".
C'est sur le plan musical que cet album est le plus alléchant. Chaque chanson cherche à exister dans son propre univers tout en restant en cohésion avec le reste de l'album. De rythmes Depeche Modiens en notes de piano planantes, l'univers Indochine s'installe très facilement et offre de bons moments, comme sur les jolies "Le Lac" et "La Lettre de Métal", superbement orchestrées et arrangées. Le riff de guitare de "L World", presque pop/punk, laisse entrevoir un halo d'optimisme au milieu de la nuit, tandis que le single "Little Dolls" se fait ultra-efficace grâce à sa remarquable couleur musicale.
La République des Météors est un nouvel album d'Indochine. Il ne comporte pas de titres grand public comme "J'ai Demandé A La Lune" et devrait donc se contenter de ravir les fans. Ceux-ci le seront d'autant plus que la version collector est encore une fois proposée à un prix plus qu'attractif. Comme quoi Indochine a beau draguer de façon racoleuse, ils continuent de s'investir une fois la relation consommée. Et les corbeaux n'ont plus qu'à voler de leurs propres ailes.
Sébastien Delecroix
11ème production pour le groupe emmené par Nicola Sirkis, qui a désormais trouvé son credo. Après de nombreuses tergiversations artistiques, l'arrivée d'Oli de Sat et ses arrangements géniaux a permis d'orienter le groupe dans un créneau "gothique" opportun, puisque des tas de jeunes se réfugient dans l'imagerie sombre, au grand dam de leurs parents, mais au grand bonheur d'Indochine, accueillant à bras ouvert les fans de Placebo et Marilyn Manson.
Du coup cette République des Météors ne déroge pas à la règle dépressive des années 2000. Une intro post-apocalyptique, des sonorités quasi-indus, qui rappellent évidemment Nine Inch Nails, partouzent avec des mélodies tristounettes qui aimeraient pouvoir servir de bande-son à un film de Tim Burton, et quelques passages rock, comme sur "Republika", viennent muscler le tout.
Le champ lexical de la guerre est omniprésent, tout comme le sentiment de l'éloignement ou encore du temps qui passe, si cher à ce vieux Ronsard quand il déclamait ses "Roses de la Vie". Mais la plume de Sirkis n'a pas autant de nuances. Sa façon de chanter comme si il avait une patate chaude dans la bouche le rend parois aussi compréhensible qu'Etienne Daho, et quand on y parvient, c'est souvent le drame. Des rimes simples, même simplistes, se succèdent et peuvent prêter à sourire. C'est bien simple, on a l'impression que certains morceaux sont chantés en yaourt. Morceau choisi: "Un homme assis dans un couloir/ Un enfantillage/ Moi je n'aime pas les amoureux/ Et Dieu créa les mêmes/ Essuie-toi les mains sales/ Juxtaposées/ Mais à l'arrière du passé/ Je nage et je dégage" ("Go Rimbaud Go!"). Y a pas à dire, le dealer de Nicola Sirkis, il fournit de la bonne!
Mais comme d'habitude il se fait touchant, de par la noirceur (même si un peu facile) de ses paroles, ses murmures ténébreux, ou son besoin de se raconter. Sur "Bye Bye Valentine" il se prend à mettre en vers sa relation avec sa fille. Et comme ça plaît aux jeunes, le faux bisexuel évoque l'ambiguïté sur "Play Boy": "Moi quand j'étais un adolescent/ J'ai essayé les vêtements de ma mère". Il reste plus pertinent quand il taille ce bon vieux Johnny au détour d'un couplet "J'ai du mal avec les artistes/ Surtout les français qui vont vivre en Suisse".
C'est sur le plan musical que cet album est le plus alléchant. Chaque chanson cherche à exister dans son propre univers tout en restant en cohésion avec le reste de l'album. De rythmes Depeche Modiens en notes de piano planantes, l'univers Indochine s'installe très facilement et offre de bons moments, comme sur les jolies "Le Lac" et "La Lettre de Métal", superbement orchestrées et arrangées. Le riff de guitare de "L World", presque pop/punk, laisse entrevoir un halo d'optimisme au milieu de la nuit, tandis que le single "Little Dolls" se fait ultra-efficace grâce à sa remarquable couleur musicale.
La République des Météors est un nouvel album d'Indochine. Il ne comporte pas de titres grand public comme "J'ai Demandé A La Lune" et devrait donc se contenter de ravir les fans. Ceux-ci le seront d'autant plus que la version collector est encore une fois proposée à un prix plus qu'attractif. Comme quoi Indochine a beau draguer de façon racoleuse, ils continuent de s'investir une fois la relation consommée. Et les corbeaux n'ont plus qu'à voler de leurs propres ailes.
Sébastien Delecroix