
09/03/2009 -
Des chansons reconnaissables dès l'intro, des refrains assurés de devenir des tubes : La République des Meteors aurait pu n'être qu'un album de plus pour Nicola Sirkis et son groupe, s'il n'y avait une inspiration qui va puiser à des sources inédites et bouleversantes.
Des images de soldats de 1914 en marche vers le front, des images de l'embrigadement totalitaire de la jeunesse dans les années 1930, des images de l'exotisme hawaïen de pacotille des années 1950 : en provoquant des collisions visuelles inattendues et curieusement séduisantes, le clip de Little Dolls a préludé depuis plusieurs semaines à la sortie de La République des Meteors. Et il a dévoilé la teneur de l'album, qui est peut être le plus grave de l'histoire discographique d'Indochine, en même temps que le plus exalté.
Après dix galettes presque toutes construites sur les troubles et les frissons de l'adolescence, Nicola Sirkis plonge son groupe dans les fracas de l'Histoire, dans les sentiments universels et sans âge de la séparation, de l'absence et de la peur, dans le romantisme ambigu de la virilité collective, de l'imagerie martiale et de l'entrain guerrier... Tout le disque n'est pas consacré à la gestuelle des jeunes soldats des guerres anciennes, mais on les entend parler dans Le Lac, Union War, Les aubes sont mortes et La Lettre de métal, et ce sont peut-être encore eux dans Little Dolls et Un ange à ma table.
Nicola Sirkis n'a pas voulu écrire un album historique mais reconnaît qu'"avoir une longue carrière permet de trouver à chaque fois un nouveau thème, même si je ne le cherche pas". Au début, même, il ne se sentait guère d'inspiration quand l'intention de faire un disque a fait jour après la très longue et très intense tournée d'Alice et June. C'est en voyant le pavillon de la plasticienne française Sophie Calle à la Biennale de Venise qu'il trouve le déclic : son œuvre, Prenez soin de vous, évoque une rupture amoureuse.
Par un hasard très parisien, Sirkis rencontre l'artiste, rêve qu'elle lui écrit des chansons, se laisse imprégner par sa thématique de séparation et de manque. "Je n'ai jamais parlé de ma vie privée dans mes chansons. Je ne me suis jamais plaint, comme certains de mes collègues qui chantent que c'est dur de faire un album ou que c'est dur de se faire larguer", dit-il. Alors, dans ses chansons, l'absence amoureuse se mue en cette séparation qui déchira et déchire encore tant de couples : le départ à la guerre.
Rien de prémédité
Et la palette s'ouvre encore : dans Play Boy, il parle pour la première fois à la première personne du singulier. Et ce n'est pas un "je" symbolique ou général, mais Nicola Sirkis qui s'agace notamment de l'exil fiscal en Suisse de certains chanteurs français. Et, dans Republika, il semble exprimer le désenchantement d'une partie de l'opinion occidentale devant les institutions politiques en chantant "On sera républicains de loin".
Mais – il insiste –, rien n'était prémédité. "Est-ce qu'on sait ce que sera une chanson ? J'écris en permanence des textes, qui serviront pour une chanson ou pour un livre. J'ai toujours avec moi un carnet ou un dictaphone pour noter les idées qui me viennent n'importe quand. Ensuite, toutes ces idées me servent de banque de données. Depuis trois ans, j'avais envie de chanter le mot république, qui sonne bien phonétiquement. Puis l'idée de "républicains de loin" m'a intéressé. Mais, avant que ce soit la chanson Republika, il s'en passe des choses ! Il faut que nous fassions un morceau en répétition, qu'il ait de la gueule, que je trouve quelque chose qui lui convienne vraiment. Une chanson comme celle-ci est le fruit du hasard et de la chance. On ne peut pas garantir le résultat. "
En l'occurrence, le résultat est impressionnant : Republika est un nouvel hymne, lyrique et tendu, à porter à la longue liste des tubes d'Indochine. Toujours les mêmes qualités d'envol et de grandiloquence, avec une pêche rock saisissante. Classique ? Sans doute. Singulier ? Bien évidemment, tant il se confirme que la musique d'Indochine est protéiforme tout en conservant un accent, une tenue, une singularité qui la signale toujours dans le paysage musical européen. D'ailleurs, les magasins Fnac ont demandé à Indochine un album Carte blanche dans lequel le groupe révèle ses inspirations et ses admirations : David Bowie, XTC, Joy Division, Patti Smith, The Stone Roses, Suede, Antony & the Johnsons, mais aussi l'inénarrable Tes états d'âme Eric de Luna Parker, Asyl ou Santogold... Un portrait chinois qui va du rock héroïque aux marges du post-rock, de la new wave au rock à guitares. Et qui parvient à fédérer implicitement "pas loin de deux cents chansons" enregistrées par Indochine depuis ses débuts.
Alors tout prend des couleurs historiques : le 6 octobre, le groupe commencera une tournée française et belge de trente-quatres dates – pour l'instant, puisque des concerts ont déjà été rajoutés pour satisfaire la demande dans certaines villes... Puis, le 26 juin 2010, bouquet final au Stade de France.
Des chansons reconnaissables dès l'intro, des refrains assurés de devenir des tubes : La République des Meteors aurait pu n'être qu'un album de plus pour Nicola Sirkis et son groupe, s'il n'y avait une inspiration qui va puiser à des sources inédites et bouleversantes.
Des images de soldats de 1914 en marche vers le front, des images de l'embrigadement totalitaire de la jeunesse dans les années 1930, des images de l'exotisme hawaïen de pacotille des années 1950 : en provoquant des collisions visuelles inattendues et curieusement séduisantes, le clip de Little Dolls a préludé depuis plusieurs semaines à la sortie de La République des Meteors. Et il a dévoilé la teneur de l'album, qui est peut être le plus grave de l'histoire discographique d'Indochine, en même temps que le plus exalté.
Après dix galettes presque toutes construites sur les troubles et les frissons de l'adolescence, Nicola Sirkis plonge son groupe dans les fracas de l'Histoire, dans les sentiments universels et sans âge de la séparation, de l'absence et de la peur, dans le romantisme ambigu de la virilité collective, de l'imagerie martiale et de l'entrain guerrier... Tout le disque n'est pas consacré à la gestuelle des jeunes soldats des guerres anciennes, mais on les entend parler dans Le Lac, Union War, Les aubes sont mortes et La Lettre de métal, et ce sont peut-être encore eux dans Little Dolls et Un ange à ma table.
Nicola Sirkis n'a pas voulu écrire un album historique mais reconnaît qu'"avoir une longue carrière permet de trouver à chaque fois un nouveau thème, même si je ne le cherche pas". Au début, même, il ne se sentait guère d'inspiration quand l'intention de faire un disque a fait jour après la très longue et très intense tournée d'Alice et June. C'est en voyant le pavillon de la plasticienne française Sophie Calle à la Biennale de Venise qu'il trouve le déclic : son œuvre, Prenez soin de vous, évoque une rupture amoureuse.
Par un hasard très parisien, Sirkis rencontre l'artiste, rêve qu'elle lui écrit des chansons, se laisse imprégner par sa thématique de séparation et de manque. "Je n'ai jamais parlé de ma vie privée dans mes chansons. Je ne me suis jamais plaint, comme certains de mes collègues qui chantent que c'est dur de faire un album ou que c'est dur de se faire larguer", dit-il. Alors, dans ses chansons, l'absence amoureuse se mue en cette séparation qui déchira et déchire encore tant de couples : le départ à la guerre.
Rien de prémédité
Et la palette s'ouvre encore : dans Play Boy, il parle pour la première fois à la première personne du singulier. Et ce n'est pas un "je" symbolique ou général, mais Nicola Sirkis qui s'agace notamment de l'exil fiscal en Suisse de certains chanteurs français. Et, dans Republika, il semble exprimer le désenchantement d'une partie de l'opinion occidentale devant les institutions politiques en chantant "On sera républicains de loin".
Mais – il insiste –, rien n'était prémédité. "Est-ce qu'on sait ce que sera une chanson ? J'écris en permanence des textes, qui serviront pour une chanson ou pour un livre. J'ai toujours avec moi un carnet ou un dictaphone pour noter les idées qui me viennent n'importe quand. Ensuite, toutes ces idées me servent de banque de données. Depuis trois ans, j'avais envie de chanter le mot république, qui sonne bien phonétiquement. Puis l'idée de "républicains de loin" m'a intéressé. Mais, avant que ce soit la chanson Republika, il s'en passe des choses ! Il faut que nous fassions un morceau en répétition, qu'il ait de la gueule, que je trouve quelque chose qui lui convienne vraiment. Une chanson comme celle-ci est le fruit du hasard et de la chance. On ne peut pas garantir le résultat. "
En l'occurrence, le résultat est impressionnant : Republika est un nouvel hymne, lyrique et tendu, à porter à la longue liste des tubes d'Indochine. Toujours les mêmes qualités d'envol et de grandiloquence, avec une pêche rock saisissante. Classique ? Sans doute. Singulier ? Bien évidemment, tant il se confirme que la musique d'Indochine est protéiforme tout en conservant un accent, une tenue, une singularité qui la signale toujours dans le paysage musical européen. D'ailleurs, les magasins Fnac ont demandé à Indochine un album Carte blanche dans lequel le groupe révèle ses inspirations et ses admirations : David Bowie, XTC, Joy Division, Patti Smith, The Stone Roses, Suede, Antony & the Johnsons, mais aussi l'inénarrable Tes états d'âme Eric de Luna Parker, Asyl ou Santogold... Un portrait chinois qui va du rock héroïque aux marges du post-rock, de la new wave au rock à guitares. Et qui parvient à fédérer implicitement "pas loin de deux cents chansons" enregistrées par Indochine depuis ses débuts.
Alors tout prend des couleurs historiques : le 6 octobre, le groupe commencera une tournée française et belge de trente-quatres dates – pour l'instant, puisque des concerts ont déjà été rajoutés pour satisfaire la demande dans certaines villes... Puis, le 26 juin 2010, bouquet final au Stade de France.