
« LA RÉPUBLIQUE DES METEORS » sort ce lundi. Noir, rock, le 11e album d'Indochine est, selon le groupe, « une leçon de vie ».
Nicola Sirkis, un chat à neuf vies
Indochine est toujours là, 28 ans après ses débuts. Même si Nicola Sirkis, le chanteur, est le dernier membre « historique ». © Yves Bottalico.
Nicola Sirkis n'est pas un chanteur français. Il n'est pas non plus le leader d'un groupe miraculé qui bat des records de longévité (28 ans) et de succès (vu les précommandes des commerçants, La République des Meteors s'apprête à cartonner). Nicola Sirkis est un chat. De ceux qui ont neuf vies. De ceux qui retombent sur leurs pattes. Les copains des sorcières, noirs et efflanqués, maigres et amoureux de la nuit.
Le chanteur d'Indochine, dernier « historique » du groupe après diverses formations, a 49 ans. Une baffe pour les filles de 1970 qui craquaient pour son look à la Cure, du temps de Trois nuits par semaine. Trente ans après, il est toujours là, avec sa mèche noire sur l'œil, son slim violet, ses Creepers noires et un nouvel album.
« Nicola m'a dit : “Je veux un album bouleversant”, explique Oli de Sat – alias Olivier Gérard, 35 ans, guitariste, arrangeur, compositeur et producteur dans le groupe depuis dix ans. J'ai réécouté Alice et June, qui était une grosse machine, pleine de synthé, de programmation partout ; j'ai voulu revenir à quelque chose de plus direct, de plus acoustique. On a acheté des ukulélés, des toys pianos, un accordéon... Et on a travaillé sur la voix de Nicola. D'habitude, elle est toujours englobée dans de la réverb', très cathédrale. Là, elle est plus brute et du coup plus proche. »
Côté textes, ça parle de héros, de métal, de petits matins froids, de camarades et de mitraille. « Même s'il y a beaucoup de références à 14-18, ce n'est pas un album sur une guerre particulière, mais sur les guerres, précise Sirkis. Sur ce qu'on génère à tout moment de la vie, les pulsions, les émotions, les angoisses... On est partis de la lettre de rupture que l'actrice française Sophie Calle a fait lire par 107 femmes. Et en y réfléchissant, les séparations les plus atroces, ce sont quand même celles des hommes partant au front et laissant leur famille »...
Dans « Playboy », en revanche, on dose humour (« J'ai essayé les vêtements de ma mère /.../ mais on m'a regardé de travers alors je les ai mis à l'envers ») et petits tacles par l'arrière (« J'ai du mal avec les artistes français qui habitent en Suisse »). Il y a de la politique dans « Republika » (« Comme on n'est si fiers de rien, on sera républicains de loin »), une reprise d'Ellie et Jacno (« Je t'aime tant ») et même un morceau écrit avec Rudy Léonet (« Le grand soir »). Le tout, enregistré à Paris (les guitares), à Bruxelles (au studio ICP pour « le gros son »), et les voix, dans les studios de Luc Besson, en Normandie. « On a terminé le soir de l'élection d'Obama. »
Celui qui a grandi en écoutant Bowie, Patti Smith, les Sparks et Roxy Music et qui pousse aujourd'hui sa fille de sept ans vers Renan Luce et CSS plutôt que vers les Jonas Brothers, a voulu une pochette à la Sgt Pepper, où Rimbaud côtoie Freud, Gandhi, Pierre et Marie Curie, Betty Boop, Paul McCartney, Sid Vicious, Staline, Mao, Jacques Dutronc... « Ce qui compte, c'est l'influence qu'on laisse, dit-il. Ces grands mathématiciens, philosophes, musiciens, dictateurs aussi, sont des gens qui ont laissé des traces, des leçons de vie. D'Histoire. »
Nicola Sirkis ne croit ni en l'au-delà, ni à la réincarnation, tous ces trucs. Son frère aîné, Christophe, vient de publier un livre, Starmustang – Indochine, une histoire de famille, où il lui reproche de ne pas avoir aidé Stéphane à décrocher de la drogue et d'avoir poursuivi les activités du groupe après le décès de Stéphane d'une hépatite foudroyante, il y a dix ans. « Pas envie de m'étaler là-dessus. Il y a deux ou trois livres qui sortent sur nous en ce moment. Des marchands de mort et des marchands de vie. Je choisis la vie. »
Nicola Sirkis, un chat à neuf vies
Indochine est toujours là, 28 ans après ses débuts. Même si Nicola Sirkis, le chanteur, est le dernier membre « historique ». © Yves Bottalico.
Nicola Sirkis n'est pas un chanteur français. Il n'est pas non plus le leader d'un groupe miraculé qui bat des records de longévité (28 ans) et de succès (vu les précommandes des commerçants, La République des Meteors s'apprête à cartonner). Nicola Sirkis est un chat. De ceux qui ont neuf vies. De ceux qui retombent sur leurs pattes. Les copains des sorcières, noirs et efflanqués, maigres et amoureux de la nuit.
Le chanteur d'Indochine, dernier « historique » du groupe après diverses formations, a 49 ans. Une baffe pour les filles de 1970 qui craquaient pour son look à la Cure, du temps de Trois nuits par semaine. Trente ans après, il est toujours là, avec sa mèche noire sur l'œil, son slim violet, ses Creepers noires et un nouvel album.
« Nicola m'a dit : “Je veux un album bouleversant”, explique Oli de Sat – alias Olivier Gérard, 35 ans, guitariste, arrangeur, compositeur et producteur dans le groupe depuis dix ans. J'ai réécouté Alice et June, qui était une grosse machine, pleine de synthé, de programmation partout ; j'ai voulu revenir à quelque chose de plus direct, de plus acoustique. On a acheté des ukulélés, des toys pianos, un accordéon... Et on a travaillé sur la voix de Nicola. D'habitude, elle est toujours englobée dans de la réverb', très cathédrale. Là, elle est plus brute et du coup plus proche. »
Côté textes, ça parle de héros, de métal, de petits matins froids, de camarades et de mitraille. « Même s'il y a beaucoup de références à 14-18, ce n'est pas un album sur une guerre particulière, mais sur les guerres, précise Sirkis. Sur ce qu'on génère à tout moment de la vie, les pulsions, les émotions, les angoisses... On est partis de la lettre de rupture que l'actrice française Sophie Calle a fait lire par 107 femmes. Et en y réfléchissant, les séparations les plus atroces, ce sont quand même celles des hommes partant au front et laissant leur famille »...
Dans « Playboy », en revanche, on dose humour (« J'ai essayé les vêtements de ma mère /.../ mais on m'a regardé de travers alors je les ai mis à l'envers ») et petits tacles par l'arrière (« J'ai du mal avec les artistes français qui habitent en Suisse »). Il y a de la politique dans « Republika » (« Comme on n'est si fiers de rien, on sera républicains de loin »), une reprise d'Ellie et Jacno (« Je t'aime tant ») et même un morceau écrit avec Rudy Léonet (« Le grand soir »). Le tout, enregistré à Paris (les guitares), à Bruxelles (au studio ICP pour « le gros son »), et les voix, dans les studios de Luc Besson, en Normandie. « On a terminé le soir de l'élection d'Obama. »
Celui qui a grandi en écoutant Bowie, Patti Smith, les Sparks et Roxy Music et qui pousse aujourd'hui sa fille de sept ans vers Renan Luce et CSS plutôt que vers les Jonas Brothers, a voulu une pochette à la Sgt Pepper, où Rimbaud côtoie Freud, Gandhi, Pierre et Marie Curie, Betty Boop, Paul McCartney, Sid Vicious, Staline, Mao, Jacques Dutronc... « Ce qui compte, c'est l'influence qu'on laisse, dit-il. Ces grands mathématiciens, philosophes, musiciens, dictateurs aussi, sont des gens qui ont laissé des traces, des leçons de vie. D'Histoire. »
Nicola Sirkis ne croit ni en l'au-delà, ni à la réincarnation, tous ces trucs. Son frère aîné, Christophe, vient de publier un livre, Starmustang – Indochine, une histoire de famille, où il lui reproche de ne pas avoir aidé Stéphane à décrocher de la drogue et d'avoir poursuivi les activités du groupe après le décès de Stéphane d'une hépatite foudroyante, il y a dix ans. « Pas envie de m'étaler là-dessus. Il y a deux ou trois livres qui sortent sur nous en ce moment. Des marchands de mort et des marchands de vie. Je choisis la vie. »