
>> Le nouveau Indochine, La République des Météores n'arrive pas sous de bons hospices. Mais l'album risque de pâtir de la sortie du livre du frère aîné de Nicola Sirkis. Christophe Sirkis accuse le leader de groupe d'avoir fait de l'argent sur la mémoire de leur petit frère, Stéphane, mort en 1999. Malgré cette polémique, le onzième opus d'Indochine est un disque riche et travaillé.
Nicola Sirkis avec les musiciens du groupe Indochine. (Yves Bottalico)Nicola Sirkis avec les musiciens du groupe Indochine. (Yves Bottalico)
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Alerte sur le royaume d'Indochine
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Claire Denamur, princesse chantante
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Bashung, bien entendu
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U2: Plaisant, profond, sans surprise
Bonne surprise, le onzième album d'Indochine est un disque riche. Et pas seulement de ses seize titres. Riche d'un rock affranchi des trips ados gothiques post-punk, qui font la légende du groupe. Riche de textes qu'on sent personnels et traversés par les thèmes de la rupture, l'absence et l'amour. Et de son esthétique inédite, empruntée à la guerre de 14 et aux soldats de plomb. D'ailleurs, Little Dolls, premier single aux accents pop de La République des Meteors, fait déjà son petit effet avec son clip original : un montage d'images d'archives mêlant horreurs et bonheurs, fiestas et combats. Illustration de la décadence d'une société jonglant avec contrastes et mystifications.
Un résultat qui surprend Nicola Sirkis lui-même. "Sur Paradize et sur Alice & June, dit-il, j'étais arrivé en studio avec des idées précises sur la société perverse, la religion, les contes, les univers des peintres nouveaux surréalistes Mark Ryden et Peter Gronquist. Là, je suis arrivé vierge, je ne voulais pas d'album conceptuel. En fin de compte, c'est peut-être notre album le plus conceptuel."
"Un truc qui arrive très vite, explose, disparaît"
Essoré par la tournée d'Alice & June, le groupe attaque ses nouvelles musiques dès septembre 2007 dans trois lieux chers. D'abord une maisonnette du 13e arrondissement de Paris qui leur sert de temple. "L'endroit a de bonnes ondes et comme on est un peu mystiques..." Pour l'écriture et les voix, Indochine est aussi un fidèle client de Digital Factory, le domaine de Luc Besson en Normandie. "Un endroit où on peut passer une semaine en vase clos, sans aucune discipline de temps. L'outil est incroyable, sans tape-à-l'oeil." Enfin, il y a le studio ICP de Bruxelles, "notre deuxième famille, le seul studio où tu as tous les vieux instruments imaginables à dispo."
La chimie prend vite. "Musicalement, on savait bien qu'on voulait de l'ukulélé, de l'accordéon." C'est sur ses textes que Nicola, auteur du groupe, se sent d'abord "le cerveau à sec". Il conjure le vide en voyageant à Venise et Berlin, deux capitales d'art contemporain. "A la Biennale de Venise, le pavillon de Sophie Calle m'a subjugué. Partir d'un acte impudique comme une lettre de rupture pour provoquer un événement poétique, chapeau! A Berlin, j'ai vu le film La Chute, sur les derniers jours d'Hitler, et j'ai mis du temps à m'en remettre."
Sans le nommer, Nicola Sirkis laisse entendre que ce disque, plus intime qu'il n'y paraît, a beaucoup à voir avec Stéphane, son vrai jumeau, guitariste d'Indochine, mort en février 1999, d'une hépatite foudroyante. Ensemble, ils ont grandi, joué, partagé l'adrénaline jusqu'à l'irréversible scission. Autant d'émotions qui hantent Junior Song, Le Dernier jour, Le Lac ou L. World. Surtout, les météores de sa "république" renvoient au roman de Michel Tournier, Les Météores, sur des jumeaux incestueux.
Appel à l'histoire
Nicola Sirkis évoque plutôt les figures historiques qui se bousculent sur la pochette du disque (Mao, Staline, Rimbaud, Sartre, Jacques Dutronc...), et l'idée de base de ses météores: "Un truc qui arrive très vite, explose, disparaît, à l'image de ceux qui passent à une vitesse incroyable dans la vie, mais y laissent des sentiments très forts."
Alors, sa République des Meteors, qu'est-ce donc? Il répond avec l'obscure chanson Republika: "J'ai écrit cela pour dire qu'on n'est pas dupes. La crise capitaliste et financière est due au mensonge, à l'argent virtuel. On ne peut plus mentir. Le mensonge tue. L'expérience m'a appris que le monde adulte est une cour de récréation impitoyable."
La République des Meteors (Jivepic/SonyBMG), sortie 9 mars. En tournée à partir d'octobre 2009, au Stade de France le 26 juin 2010.
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La chimie prend vite. "Musicalement, on savait bien qu'on voulait de l'ukulélé, de l'accordéon." C'est sur ses textes que Nicola, auteur du groupe, se sent d'abord "le cerveau à sec". Il conjure le vide en voyageant à Venise et Berlin, deux capitales d'art contemporain. "A la Biennale de Venise, le pavillon de Sophie Calle m'a subjugué. Partir d'un acte impudique comme une lettre de rupture pour provoquer un événement poétique, chapeau! A Berlin, j'ai vu le film La Chute, sur les derniers jours d'Hitler, et j'ai mis du temps à m'en remettre."
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Appel à l'histoire
Nicola Sirkis évoque plutôt les figures historiques qui se bousculent sur la pochette du disque (Mao, Staline, Rimbaud, Sartre, Jacques Dutronc...), et l'idée de base de ses météores: "Un truc qui arrive très vite, explose, disparaît, à l'image de ceux qui passent à une vitesse incroyable dans la vie, mais y laissent des sentiments très forts."
Alors, sa République des Meteors, qu'est-ce donc? Il répond avec l'obscure chanson Republika: "J'ai écrit cela pour dire qu'on n'est pas dupes. La crise capitaliste et financière est due au mensonge, à l'argent virtuel. On ne peut plus mentir. Le mensonge tue. L'expérience m'a appris que le monde adulte est une cour de récréation impitoyable."
La République des Meteors (Jivepic/SonyBMG), sortie 9 mars. En tournée à partir d'octobre 2009, au Stade de France le 26 juin 2010.