
En un magnifique jour ensoleillé d'hiver, je me suis rendu aux bureaux de Sony BMG pour y écouter la dernière production du plus grand groupe de rock français : Indochine.
Je m'assois, bien installé dans un canapé mais tendu comme jamais, aux côtés d'autres personnes venues écouter le Saint-Graal en avant-première. La responsable de chez Sony engage la galette dans la chaine hi-fi et c'est parti ...
L'ouverture se fait dans une cacophonie où des sirènes résonnent pour annoncer la guerre. La plus terrible des choses commise par l'homme sera donc le thème central de ce nouvel album d'Indochine. Puis nous plongeons dans le tourbillon avec Go Rimbaud, Go ! Effets électros, rythme rapide et batterie martiale, la première chanson fait doucement penser à Marilyn. Un début haletant qui fait ensuite place à Junior Song. Et là, nous trouvons une touchante chanson accompagnée de xylophones, de pianos d'enfants et de musique de cirque. Nicola Sirkis retrouve son mythe peut-être préféré, celui de Peter Pan. Rester éternellement un enfant, comme pour éviter le monde affreux des adultes, voilà un rêve que partagent bon nombre de fans du groupe.
L'intro de la quatrième piste est bien connue. Little Dolls tourne déjà depuis un petit moment sur les ondes et s'impose comme un magnifique single. Tout en délicatesse et en poésie, rappelant quelque peu Lady Boy ou Alice & June pour l'intro, avant de finir sur des pas militaires effrayants. Nicola avait dit depuis le début de la création de l'ère Météore qu'il utiliserait des instruments exotiques. Le Grand Soir touche à la grâce, au son de l'ukulélé et de l'accordéon. Des tintements font alors s'allumer les étoiles de la nuit.
Un Ange à ma Table, en featuring avec Sue de Pravda (pas certain néanmoins), retrouve les rythmes dansants d'Indochine, tout en gardant une ambiance froide et des racines new-wave, influence de toujours du groupe de Nicola Sirkis avec The Cure et ses descendants. Puis vient La Lettre de Métal. Le métal des armes à feu, des chars, des balles, de la cuirasse des bateaux de guerre. L'ambiance est incroyablement chargée d'émotion et de mélancolie, contant le départ d'un être aimé au loin, vers son destin tragique et inexorable. Le xylophone et le piano se mélangent magnifiquement et le titre finit gravement, comme si ce destin était sombre comme une nuit sans lune.
Le Lac continue sur la même thématique mais se révèle moins éprouvant que le précédant morceau. Republika mène Nicola Sirkis à dévoiler son côté engagé et son regard sur la politique, au son de carillons d'église qui résonnent tout au long du titre.
« Comme on est si fiers de rien / On sera républicains de loin »
Play Boy joue la carte du son électro qui décoiffe, avec un rythme entrainant et des paroles bien acérées de la part de Nicola. On ne lui fera même pas l'affront de demander de qui il parle...
« ...d'artiste allant habiter en Suisse... »
(rires unanimes dans la salle)
L World commence doucement, à la guitare acoustique, s'emballe sur un rythme plus rapide, puis finit sur le même tempo que le début. Je t'aime tant où une voix féminine se mêle à celle de Nicola pour cette ballade. Puis s'enchaîne un morceau d'une grande solennité, Bye Bye Valentine, renforcée par des sons d'orgues au loin. Pink Water n'est pas loin pour ce qui est de la charge émotionnelle et des textes :
« ...attend moi... » « ...je ne quitterai jamais... »
Les Aubes sont Mortes prend à nouveau un virage plus orienté électro et dansant, un peu comme leur single sorti l'été dernier en soutien à Reporters Sans Frontières : You Spin Me Round (cover de Dead or Alive, groupe des '80). Union War fait mouche à nouveau et bouleverse. Nicola parle de « tuer la vie » ou de « corps cassés ». En clôture, Le Dernier Jour démarre au son vieilli d'une radio d'une autre époque aux grésillements et à la voix lointaine. Rythmé, le morceau termine magnifiquement ce 11e album des Indo-Boys. Nicola chante à travers un mégaphone et des cris scandés en arrière-plan finissent d'achever nos émotions.
Mais avant de partir, une courte chanson, en ghost track, hautement charnelle avec un Nicola Sirkis seul, accompagné d'un simple piano.
Après un tel voyage, on reprend son souffle. On tente de remettre ses idées à l'endroit parce que l'on vient d'être bousculé. Indochine signe un album qui prend aux tripes, d'un bout à l'autre, tout en gardant des morceaux plus légers. Il sonne moins rock, les guitares sont moins agressives que sur le double album Alice & June ou Paradize, mais sa puissance sentimentale et la richesse musicale grave chaque chanson dans notre cœur.
Ressentir la douleur des autres. Imaginer ce qu'ont pu ressentir ces amoureux en pleine période de guerre, à l'avenir toujours incertain et sombre. Les adieux, la séparation, les gens, les peuples, les amours ; la guerre meurtri les hommes et les femmes, au plus profond de leur âme et n'épargne personne. Nicola Sirkis a voulu nous faire toucher à cette détresse et il a réussi à nous faire prendre conscience de la chance que nous avons, notre génération ainsi que la sienne, de ne pas avoir à vivre de tel drames.
La pochette regroupe tout l'univers d'Indochine ainsi que le thème principal de l'album avec la photo des soldats de 14-18. Betty Boop, Bowie, Rimbaud, Pierre et Marie Curie, Jacques Dutronc, Chloé Delaume, Patti Smith, Staline, Gandhi, Mao, McCartney, Salinger, Sid Vicious et les Indo-Boys, tous réunis dans ce patchwork humain.
Rendez-vous à tous les Indochinois le 9 mars 2009, avec plusieurs éditions comprenant des posters, des morceaux supplémentaires, des photos...
Morra's selection :Un Ange à ma Table, Le Dernier Jour, La Lettre de Métal
Je m'assois, bien installé dans un canapé mais tendu comme jamais, aux côtés d'autres personnes venues écouter le Saint-Graal en avant-première. La responsable de chez Sony engage la galette dans la chaine hi-fi et c'est parti ...
L'ouverture se fait dans une cacophonie où des sirènes résonnent pour annoncer la guerre. La plus terrible des choses commise par l'homme sera donc le thème central de ce nouvel album d'Indochine. Puis nous plongeons dans le tourbillon avec Go Rimbaud, Go ! Effets électros, rythme rapide et batterie martiale, la première chanson fait doucement penser à Marilyn. Un début haletant qui fait ensuite place à Junior Song. Et là, nous trouvons une touchante chanson accompagnée de xylophones, de pianos d'enfants et de musique de cirque. Nicola Sirkis retrouve son mythe peut-être préféré, celui de Peter Pan. Rester éternellement un enfant, comme pour éviter le monde affreux des adultes, voilà un rêve que partagent bon nombre de fans du groupe.
L'intro de la quatrième piste est bien connue. Little Dolls tourne déjà depuis un petit moment sur les ondes et s'impose comme un magnifique single. Tout en délicatesse et en poésie, rappelant quelque peu Lady Boy ou Alice & June pour l'intro, avant de finir sur des pas militaires effrayants. Nicola avait dit depuis le début de la création de l'ère Météore qu'il utiliserait des instruments exotiques. Le Grand Soir touche à la grâce, au son de l'ukulélé et de l'accordéon. Des tintements font alors s'allumer les étoiles de la nuit.
Un Ange à ma Table, en featuring avec Sue de Pravda (pas certain néanmoins), retrouve les rythmes dansants d'Indochine, tout en gardant une ambiance froide et des racines new-wave, influence de toujours du groupe de Nicola Sirkis avec The Cure et ses descendants. Puis vient La Lettre de Métal. Le métal des armes à feu, des chars, des balles, de la cuirasse des bateaux de guerre. L'ambiance est incroyablement chargée d'émotion et de mélancolie, contant le départ d'un être aimé au loin, vers son destin tragique et inexorable. Le xylophone et le piano se mélangent magnifiquement et le titre finit gravement, comme si ce destin était sombre comme une nuit sans lune.
Le Lac continue sur la même thématique mais se révèle moins éprouvant que le précédant morceau. Republika mène Nicola Sirkis à dévoiler son côté engagé et son regard sur la politique, au son de carillons d'église qui résonnent tout au long du titre.
« Comme on est si fiers de rien / On sera républicains de loin »
Play Boy joue la carte du son électro qui décoiffe, avec un rythme entrainant et des paroles bien acérées de la part de Nicola. On ne lui fera même pas l'affront de demander de qui il parle...
« ...d'artiste allant habiter en Suisse... »
(rires unanimes dans la salle)
L World commence doucement, à la guitare acoustique, s'emballe sur un rythme plus rapide, puis finit sur le même tempo que le début. Je t'aime tant où une voix féminine se mêle à celle de Nicola pour cette ballade. Puis s'enchaîne un morceau d'une grande solennité, Bye Bye Valentine, renforcée par des sons d'orgues au loin. Pink Water n'est pas loin pour ce qui est de la charge émotionnelle et des textes :
« ...attend moi... » « ...je ne quitterai jamais... »
Les Aubes sont Mortes prend à nouveau un virage plus orienté électro et dansant, un peu comme leur single sorti l'été dernier en soutien à Reporters Sans Frontières : You Spin Me Round (cover de Dead or Alive, groupe des '80). Union War fait mouche à nouveau et bouleverse. Nicola parle de « tuer la vie » ou de « corps cassés ». En clôture, Le Dernier Jour démarre au son vieilli d'une radio d'une autre époque aux grésillements et à la voix lointaine. Rythmé, le morceau termine magnifiquement ce 11e album des Indo-Boys. Nicola chante à travers un mégaphone et des cris scandés en arrière-plan finissent d'achever nos émotions.
Mais avant de partir, une courte chanson, en ghost track, hautement charnelle avec un Nicola Sirkis seul, accompagné d'un simple piano.
Après un tel voyage, on reprend son souffle. On tente de remettre ses idées à l'endroit parce que l'on vient d'être bousculé. Indochine signe un album qui prend aux tripes, d'un bout à l'autre, tout en gardant des morceaux plus légers. Il sonne moins rock, les guitares sont moins agressives que sur le double album Alice & June ou Paradize, mais sa puissance sentimentale et la richesse musicale grave chaque chanson dans notre cœur.
Ressentir la douleur des autres. Imaginer ce qu'ont pu ressentir ces amoureux en pleine période de guerre, à l'avenir toujours incertain et sombre. Les adieux, la séparation, les gens, les peuples, les amours ; la guerre meurtri les hommes et les femmes, au plus profond de leur âme et n'épargne personne. Nicola Sirkis a voulu nous faire toucher à cette détresse et il a réussi à nous faire prendre conscience de la chance que nous avons, notre génération ainsi que la sienne, de ne pas avoir à vivre de tel drames.
La pochette regroupe tout l'univers d'Indochine ainsi que le thème principal de l'album avec la photo des soldats de 14-18. Betty Boop, Bowie, Rimbaud, Pierre et Marie Curie, Jacques Dutronc, Chloé Delaume, Patti Smith, Staline, Gandhi, Mao, McCartney, Salinger, Sid Vicious et les Indo-Boys, tous réunis dans ce patchwork humain.
Rendez-vous à tous les Indochinois le 9 mars 2009, avec plusieurs éditions comprenant des posters, des morceaux supplémentaires, des photos...
Morra's selection :Un Ange à ma Table, Le Dernier Jour, La Lettre de Métal